Ils existent plusieurs catégories de poissons dits nettoyeurs :
- nettoyeur de vitres,
- nettoyeur de fond,
- mangeur d'escargots,
- mangeur d'algues.
Ces noms sont simples à retenir et permettent au novice de
visualiser plus rapidement l’animal que si on parle du nom scientifique
mais ces appellations portent à confusion et peuvent induire
l’aquariophile en erreur. Si vous voyez écrit en animalerie poisson nettoyeur, c’est un argument de vente destiné à vous faire
acheter un poisson soit disant utile voire indispensable. Mais aucun poisson n'est obligatoire dans un aquarium, on n'adopte que les espèces pouvant vivre correctement dans notre bac et évidemment que l'on souhaite avoir. Voici ce qu'il en est réellement de ces espèces...
En fait, cette idée de poissons nettoyeurs n'est pas en soit totalement erronée : elle est
simplement abusive, et mal interprétée, c'est ce qui la rend si
dangereuse... D'un point de vue technique, un vendeur n'est pas en tort
d'affirmer que tel ou tel poisson est un auxiliaire de nettoyage. Même
si on est loin de l'idée que chacun se fait d'un poisson "nettoyeur".
C'est pourquoi il importe de bien comprendre de quoi il s'agit, afin de
ne pas faire d'erreur...
Les "nettoyeurs de vitres"
C'est bien connu, ces poissons se collent à la vitre et dévorent toutes
les algues qui s'y trouvent, afin de les nettoyer... Accessoire
indispensable de tout bon poisson nettoyeur qui se respecte : la
ventouse. Et oui, vous aurez reconnu là une description approximative de
nos chers Loricaridés (
Ancistrus,
Otocinclus, ...) qui tous sans exception sont susceptibles d'être
commercialisés sous cette appellation...
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Otocinclus |
Mais pas seulement.
Certaines loches sont également dotées de ventouses, et vendues de la
même façon : celles de la famille des Balitoridés (Gastromyzon et
consorts), et celles de la famille des Gyrinocheilidés (le Gyrino).
Le
seul vrai point commun entre toutes ces espèces, c'est la présence de
la ventouse... Une petite partie, cependant, pourrait, accessoirement,
remplir la fonction à laquelle on les affecte, pour peu que l'on
comprenne comment, ce qui, malheureusement, est rarement le cas.
La
ventouse est une adaptation des poissons qui leur permet de se fixer à
leur support. Ceci est avant tout une méthode de protection et de
camouflage dans un premier temps : l'animal s'identifie avec son
support, afin de ne pas être remarqué, et, s'il l'est, sera de toutes
façons bien difficile à déloger par un prédateur... Un Gastromyzon, par
exemple, possède une telle force de succion dans la ventouse qu'il est
tout simplement impossible de le déloger contre son gré, à moins de le
tuer.
De cette façon, on comprend pourquoi ces poissons dédaigneront
de fait les vitres de nos aquariums, où ils peuvent être vus de tous les
côtés, ce qui est assez stressant. En magasin, on voit souvent de tels
poissons collé après les vitres, car en surnombre, et ne disposant pas
de la quantité de supports nécessaires...
La ventouse est souvent
une adaptation au régime de courant où l'animal vit dans la nature...
Ce sont des poissons de fond, dont le mode de vie et la morphologie font
de piètres nageurs. Cette ventouse constitue du coup une bonne façon de
se reposer, en se fixant sur un support pour lutter contre le courant
sans s'épuiser à nager...
On remarquera d'ailleurs que la taille
de la ventouse dépend du milieu d'origine : celle des poissons de
courant comme les Hypancistrus ou Hemiancistrus est proportionnellement
beaucoup plus grande que les Hypostomus, par exemple, qui vivent dans
des eaux beaucoup plus calmes...
Champion toutes catégories,
cette fois encore, les Balitoridés, qui vivent dans les torrents
himalayens pour la plupart, et dont la ventouse couvre presque tout le
corps...
Les "nettoyeurs de fond"
Cette catégorie encore plus hétéroclite recouvre la quasi-totalité de
poissons de fond. Tous les poissons ne fréquentent pas les mêmes
hauteurs d'eau, et certains, reconnaissables par la position infère de
leur bouche (la bouche est placée plutôt sous la tête), se cantonnent
dans les couches proches du fond. Ce sont des nageurs maladroits, passés
maîtres dans l'art de se faufiler entre les éléments du fond, ou de s'y
cacher. Beaucoup fréquentent le substrat, et sont capables de le
fouiller, voir de s'y enfouir, comme ces charmants petits silures
banjos, du genre Bunocephalus...
Ces poissons, en fait,
rassemblent un vaste groupe de familles et d'espèces, et en particulier,
on peut selon ces critères y ranger la quasi totalités des silures et
des loches (ordre des Siluriformes comme les
Corydoras, et , au sein de l'ordre des
Cypriniformes, les familles des Cobitidés, Balitoridés et
Gyrinocheilidés). Il en existe en réalité bien d'autres espèces,
notamment certains Cyprinidés (
Epalzeos et consorts) .
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Épalzéo |
Comme ces
poissons se nourrissent près du substrat, on est tenté de penser qu'en
aquarium, ils vont consommer ce qui tombe sur le fond, notamment les
excédents de nourriture distribuée, et les excréments des poissons.
Cela, c'est ne tenir compte que d'une partie de la vie de ces animaux :
leur statut de fouisseur, en omettant notamment celui plus préoccupant
de leur alimentation...
Les "mangeurs d'escargots"
En animalerie, il est courant de vous proposer le
poisson Botia pour manger les escargots. Cette appelation pour une fois correspond bien à cet animal. Les vendeurs omettent cependant de préciser que ce grand poisson nécessite un bac de très grande dimension (700l) et aime vivre à plusieurs. A l'occasion, il ne faut pas hésiter à lui proposer quelques
vers tubifex ou
vers Grindal.
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Botia ou loche Clown |
Je ne suis pas forcément pour utiliser un poisson pour résoudre un problème dont vous êtes la cause. Mais si vous cherchez à vous débarrasser des
physes et des planorbes, il existe un escargot mangeur d'escargot : l'
Anentome helena.
La vie de mon aquarium
Thomas